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Localisation : Ces hameaux sont situés à l’ouest de la commune de part et d’autre de la route départementale 470 (de Lons le Saunier à Bletterans).
Les Lieudits des Sugny : A L’HOPITAL, A LA MASSOTTE, AU BIEF CONRY, AUX TOUPES, BOIS DE MONTARLIER, BOIS RICHIER, CHAMP GAILLARD, CHAMPS SUGNY, CHATEAU GAILLARD, L’EMBOUCHU, LA MASSOTTE, MONTARLIER, PETIT SUGNY, PRE DE L’HÔPITAL, SOUS LE BIEF CONRY, SOUS LE GRAND SUGNY, VERS L’HOPITAL.
Préhistoire : Dans le bois de Montarlier près du hameau du Grand Sugny la fouille d’un tumulus par Louis-Abel Girardot a permis la découverte « d’une vingtaine de pièces (lames et éclats en chaille jaspoïdes, dont certains sont de débitage Levallois) ». Une chaille est une concrétion partiellement silicifiée au sein de masses calcaires. De teinte généralement claire, elle est constituée d'un mélange de calcédoine et de calcite. On trouve des chailles dans les calcaires du Jurassique, en particulier du Bajocien. Les chailles ont été utilisé principalement au Paléolithique supérieur, pour confectionner des petits outils bifaces (racloirs, perçoirs et grattoirs), ainsi que des pointes de flèches. Seules les chailles de petite dimension se prêtaient à la taille.
Moyen-Age : Le fief de SUGNY sert d'apanage à une branche cadette de la maison de Montmorot. Près de la jonction de la vieille et de la nouvelle route de Lons-le-Saunier à Bletterans, une chaumière nommée «Château-Gaillard » et propriété de l’hôpital de Lons le Saunier sur le cadastre napoléonien, occupe d’après A. Rousset, l'emplacement du château-fort de la famille de Sugny. Vaucher de Sugny vivait en 1344. Ethevenin de Sugny, en 1406. Plusieurs demoiselles de cette maison furent abbesses dans les abbayes nobles de Sainte-Claire de Lons-le-Saunier ou de Château-Chalon comme Catherine et Marguerite de Sugny qui furent abbesses de Château-Chalon en 1480 et 1500. Jean et Marc de Sugny figurèrent au tournoi de Nozeroy en 1519. Adrien de Sugny céda ses biens à Antoine de Reculot, son neveu, par testament de 1576, de sorte que les seigneurs de Saubief ont possédé une partie du fief de Sugny.
Au milieu du XIXème siècle d’après A. Rousset, le Grand Sugny comptait 30 habitations dont celle de Mme de Rouen, le Petit Sugny (les Baraques) 36 habitations dont celle de de M. Jeunet, la Grange Mercier et le « Château Gaillard ».
A proximité de la route de Bletterans se trouvaient une fromagerie qui a fermé vers 1965.
La fontaine Mercy : D’après A. Rousset, « elle coulait au milieu d'un bois de haute futaie qui a été défriché comme tout le reste du territoire de Sugny. » Elle était située à proximité de la jonction de l’ancienne et de la nouvelle route de Bletterans, à proximité de la caserne des pompiers. La fontaine a été détruite dans les années 1930. La source existe toujours, elle donne naissance à un petit ruisseau qui descend par un petit talweg vers La Vallière.
Le domaine de la ferme de l’hôpital est issu d’un démembrement du fief de Sugny. Il est vendu, vers 1524, par les frères Marc et Louis de Sugny, à Pierre Rolin, de Lons-le-Saunier. Catherine Rolin le porte en dot, en 1542, à Pierre de Pise, docteur en médecine. Jacques Domos, sieur de Saint-Georges, en fait l’acquisition et le laisse à sa fille Claudine Domos. Celle-ci épouse Jean Mercier, lieutenant général au bailliage de Montmorot en 1601 et conseiller au parlement de Dole en 1618. Leur fils, Claude-François Mercier, écuyer, réside presque continuellement dans ce domaine. Par son testament du 20 septembre 1720, Claude François Mercier lègue toute sa fortune à l’Hôtel-Dieu de Lons-le-Saunier, à charge d’acquitter certains legs et en réserve l’usufruit à Claire Deprelz, son épouse. Ce domaine reste propriété de l’hôpital de Lons le Saunier jusqu’en 1920, date où il est vendu à la famille Rollin. Les bâtiments ont été remaniés à plusieurs reprises. La partie la plus ancienne est une tour carrée surmonté par un pigeonnier. Elle est percée par une belle porte surmontée par un fronton brisé de style renaissance et d’une pierre où se trouvaient des armoiries buchées à la Révolution. Les communs sont particulièrement importants.
Claude-François Mercier obtient de l’archevêque de Besançon le 11 septembre 1686, la permission de construire une chapelle et d’instituer un chapelain. Il fonde cinq messes par an à célébrer dans cet édifice. La chapelle a conservé son aspect initial. La porte en plein cintre est surmontée de la date de fondation et d’anciennes armoiries buchées. L’ensemble a été restauré à l’époque moderne.
PROPRIETE PRIVEE
A la fin du XIXème siècle, les salésiens reprennent une petite colonie agricole (orphelinat) fondée en 1848 par une dame charitable de Lons-le-Saunier. Situé sur un point culminant, au « Grand-Sugny », le domaine comprenait un bâtiment de trois étages et 35 hectares en trois fermes.
Le Père Marius GAYDE, premier directeur arrive avec un prêtre et quelques coadjuteurs, fin novembre 1897. La prise de possession a lieu le 08 décembre 1897. La bénédiction d’une cloche est effectuée le 26 mars 1898. L’établissement accueille à l’origine 8 orphelins. L’abbé Festou y fait ses premières années de professeur et d’assistant. Le 24 mai 1898, vingt prêtres des environs sont là pour la fête de ND-Auxiliatrice. En décembre 1898, il y a 30 enfants et quatre salésiens dont 2 prêtres (L’effectif ira jusque 50 élèves). En 1899, on une ferme supplémentaire est exploitée. En 1900, 22 prêtres sont présents pour fêter la Saint François de Sales.
En 1901 alors que le père Louis ROUSSIN est directeur, les salésiens doivent renoncer à la direction à cause des lois anti-congréganistes. Mr Borivent, coadjuteur salésien, y restera encore jusqu’en 1909. Les bâtiments sont vendus. Des bustes du pape Pie X sont déposés chez Mlle Mallet-Guy le 9 juillet 1910. Le mobilier de la ferme-école des Salésiens est vendu aux enchères du 23 août 1913.
Le pont des six ponts correspond à l’emplacement d’une galerie de graduation.
Un bâtiment de graduation ou galerie de graduation est utilisé au XVIIIème siècle pour augmenter la concentration en sel de la saumure.
Les bâtiments de graduation se présentent sous forme de grands hangars recouverts d’un toit et ouverts à tous vents. A l’intérieur sont disposés des fagots d’épine sur environ 8 à 10 mètres de hauteur et 3 mètres de largeur. Le procédé consiste à faire monter les eaux peu salées au sommet de la galerie et à les déverser sur les fagots. Sous l’action de l’air, l’évaporation augmente graduellement le degré de salure de l’eau recueillie au pied de la galerie. Cette procédure peut être renouvelée autant de fois qu’il est nécessaire. Le degré de salure de l’eau amenée à la saline peut être ainsi décuplé.
L’emplacement de la saline à Montmorot sera conditionné par la construction de trois galeries de graduation.
« Il n’y a point d’emplacement plus convenable que celui de Montmorot, soit par la qualité du terrain qui est ferme et solide, soit par rapport à son exposition qui aboutit à plusieurs gorges où les vents se font sentir plus souvent que partout ailleurs, ce qui est essentiel pour l’évaporation. » déclare le directeur.
trois bâtiments de graduation en bois sont construits pour amener les eaux des différentes sources du bassin lédonien à la saline. Un inventaire fait, en 1793, par ordre du Directoire du Département, contient une description très détaillée des différents établissements constituant la Saline de Montmorot notamment des bâtiments de graduation :
« L'originalité de cette construction réside dans la position de ses trois ailes distinctes et orientées différemment. L'aile de Lons le Saunier (E. / S.-E.) de 571,53m reçoit les eaux à deux degrés provenant du puits de Lons le Saunier. L'aile du puits Gornod (S. / N.) de 303,26m reçoit les eaux de Gornod et de l'étang du saloir. L'aile de Montmorot (S. / S.- O.) de 527,85m envoie les eaux aux bassins construits près des poêles. Chaque bâtiment possède un bassin ou réservoir pour les eaux salées. Au-dessus et au milieu du bassin s'élèvent deux masses parallèles d'épines formant un ensemble de 6 m de haut sur la même longueur que le bassin et qui favorise l'évaporation naturelle de l'eau. Cinq roues de 9,07m de diamètre mues par un canal dérivé de La Vallière portent à leur axes des manivelles de fonte qui en tournant actionnent des balanciers dont le mouvement se prolonge jusque dans les bâtiments pour y faire jouer quarante pompes. »
Ces galeries vont faire l’admiration des voyageurs pendant près d’un siècle et seront abondamment représentées notamment par le dessinateur Lallemand.
La traversée de La Vallière par l’aile dite de Montmorot se fait au moyen de Six arcades d’où le nom de pont des six ponts.
Les salines de Montmorot ont fonctionné de 1744 à 1966
Le sel produit en Franche-Comté est obtenu grâce au chauffage artificiel : il est appelé sel ignigène (du latin ignis = feu). Une saline est une installation destinée à l’extraction du sel par évaporation d’eau salée chauffée dans des poêles ou cuves métalliques rectangulaires, constituées de plaques d’acier rivetées.
Principe de la cuite
A l’origine il y a six poêles dans la saline de Montmorot où l’eau salée est chauffée pour récupérer le sel. Chacune forme un quarré long de 7 mètres de longueur, 6 mètres de largeur et environ 50cm de profondeur.
La cuite se divise au XVIIIème siècle en deux opérations ; le salinage & le soccage.
Le salinage s’opère toujours à un feu vif et dure de 16 à 24 heures, suivant le degré de salure des eaux. Le schelot, c’est-à-dire les matières terreuses et étrangères renfermées dans les eaux, précipitent au fond de la poêle et forme une écume qu’il faut enlever avec loin, Le schelot est mis sur les bords dans de petits bassins nommés angelots et sert à former à Montmorot les sels purgatifs d’Epsom, de Glauber et la potasse.
La cuite se poursuit ensuite avec un feu modéré durant le soccage.
Le soccage commence dès que l’eau dans la poêle est parvenue à 24 ou 25 degrés de saumure. C’est alors de la muire brisante, au-dessus de laquelle nagent de petites lames de sel, qui s’accrochant les unes aux autres en forme cubique, s’entraînent mutuellement au fond de la poêle. Plus le feu est lent pendant le soccage, plus le grain du sel est gros. Cette opération dure 20 heures pour les sels en grains ordinaires et 70 heures pour ceux à gros grains.
Le sel conditionné en grains est transporté dans des tonneaux de sapins appelés « bosse », ou bien sous forme de pain.
Un inventaire fait, en 1793, par ordre du Directoire du Département, contient une description très détaillée des différents établissements constituant la Saline de Montmorot.
« Les bâtiments intérieurs (de la saline) occupent un rectangle de 5 hectares 87 ares clos de murs de plus de 3 m de haut. Une porte monumentale avec ses pilastres et son fronton à corniche donne accès à une cour dans laquelle se trouve à droite le logement des portiers et à gauche des bureaux. Dans le prolongement de l’entrée et déplacé sur sa gauche se trouve les grands bâtiments des sels avec au sud la nouvelle salle de remplissage des bosses puis six chaudières avec leurs poêles et poêlons à queue groupés deux à deux et séparées par un magasin pour sel en grains et une cuisine. Un laboratoire pour potasse et sel d'Epsum et le bureau des moutiers occupent l'extrémité de l'édifice. Dans l'angle nord se trouve une fosse pour le dépôt des tuyaux et conduites avec en retour le logement du contremaître des cuites dépôts des cendres et braises. A droite de l’entrée, suivant le mur d'enceinte se succèdent des constructions dominées par la première dont le volume important renferme d'anciennes salles de remplissage des bosses et une chapelle formant avant-corps. Viennent ensuite les magasins pour fer et ustensiles, les logements des maréchaux (ferrants) du maître bossier, des charpentiers. Entre ces bâtiments et l’usine à gauche de l'entrée s’élève le logement du directeur dont la présentation intérieure et le ravissant jardin font l'admiration unanime et furent le cadre de fêtes magnifiques. Des jardins enclos occupent la périphérie du rectangle, dont le centre constitue un vaste dégagement seulement marqué par le stockage du bois. »
Louis XVI décide, par un décret du 20 juillet 1791, qu'on ne pourra employer aux salines d'autre combustible que la houille. La saline emploie alors 76 employés et ouvriers.
Après 1831 et les découvertes géologiques, l’eau salée est obtenue directement par pompage à partir de la couche de sel gemme (voir détails au niveau du chevalement de puits à saumure restauré en 2019). De nouveaux ateliers sont construits à l'angle nord-ouest dans la Saline. Un atelier d'évaporation à poêles carrés et rondes est ajouté en 1843. Les trois anciennes poêles, d'une surface de 58 m2 sont remplacées par trois autres d'une surface de 96 m2 ; douze nouvelles sont ajoutées, l'une de 160 m2, dix de 128 m2 et une de 113 m2. Ce sont des objets de grande taille – 17,50 mètres de long par 4,20 mètres de large.
Durant tout le XIXème siècle la technique de l’évaporation de l’eau salée dans des chaudières chauffées directement va rester encore relativement longtemps archaïque et entraîner une grande consommation de combustible. Les conditions de travail des sauniers sont particulièrement dures dans une atmosphère étouffante à environ 50°C de température et 80% d’humidité.
La saline produit en 1864 8.000 tonnes de sel, grâce à 4.200 tonnes de charbon. Le nombre des employés et ouvriers varie de 100 à 150.
Au XXe siècle d’importants investissements permettent la modernisation des salines
En 1909, l'évaporation est assurée par 22 poêles se présentant sous la forme de grandes cuves rectangulaires de 30 mètres de long sur 6 mètres de large et 0,60 mètre de profondeur. A chaque poêle est affectée une chaufferie à remplissage automatique. La chaleur dégagée est de l’ordre de 1800 degrés. L’eau salée est chauffée par des tubulures placées sous les poêles et parcourues par de l’air chaud provenant du foyer. Lorsque la température de la saumure atteint 85°C., la cristallisation commence. Cette technique du chauffage indirect va permettre une appréciable économie de combustible.
La production atteint en 1925 : 11.000 tonnes de sel par an.
Après 1925, un nouveau bâtiment dit atelier B est construit pour abriter un évaporateur à triple effet « Prache et Bouillon » qui permet de diminuer de 60% la consommation de charbon par rapport à la consommation d’une poêle. Les installations comptent alors 19 poêles et un évaporateur clos à triple effet.
Dans les années 30 la saline de Montmorot produit environ 15 à 20.000 tonnes de sel par an nécessitant la combustion d’environ 15.000 tonnes de charbon par an et employant une centaine d’ouvriers et ouvrières.
En 1948 un appareil à thermocompression de marque Escher Wyss utilisant l’énergie électrique, est mis en place et permet d’économiser l’énergie en utilisant la vapeur résultant de l’évaporation.
Vers 1950, la saline produit 25.000 tonnes de sel et emploie 150 ouvriers.
L'activité de la saline de Montmorot cesse définitivement en 1966, alors que l'usine emploie encore 120 personnes.
Entre 1970 et 1980, les deux ateliers est, le bassin de décantation et des logements sont rasés. Les deux ateliers construits vers 1925 et vers 1930 sont convertis en magasins de commerce. Le bâtiment des Archives départementales du Jura est construit dans l'enceinte des salines entre 1975 et 1977.
Suites aux sondages effectués à Montmorot par le géologue Jean-Baptiste Élie de Beaumont, en janvier 1831 une couche de sel gemme est découverte à environ 200 mètres de profondeur (le toit du gisement de sel est à Montmorot à 155m de profondeur).
Cette découverte va entraîner d’importantes modifications dans l’exploitation du sel à Montmorot. Dorénavant la saumure est obtenue directement par dissolution du sel gemme. Le principe est d’injecter dans la couche de sel gemme de l’eau douce sous pression par une série de tubes. Cette eau va dissoudre le sel gemme. La saumure contenant environ 250 g de sel par litre est ensuite remontée par un autre tuyau et conduite à la saline
Le bâtiment du puits de Lons le Saunier est abandonné et transformé en établissement de bain.
Les galeries de graduation sont supprimées. Les chevalements de puits à sel vont désormais marquer le paysage de Montmorot pour plus d’un siècle. Cinq sondes ou puits à sel sont construits dans le vallon entre Montmorot et Lons le Saunier.
La « durée de vie » d’une sonde était variable : environ 30 ans (mais parfois beaucoup moins). Au total une vingtaine de sondage ont été effectuée en un siècle.
Les chevalements disparaissent les uns après les autres à partir de 1966 ; seul un chevalement est restauré en 2019.
Au débouché de la reculée de la Vallière, la colline portant le château de Montmorot occupe une position stratégique commandant l’entrée du bassin lédonien.
Le sommet de la colline a été occupé par un village dès l’époque néolithique puis à l’âge du bronze et du fer. La date précise de la construction d’un château fort à l’époque médiévale n’est pas connue.
Le château a pu initialement revêtir la forme d’un fortin de bois profitant des défenses naturelles formées par l’escarpement de la colline qui domine de près de 100 mètres la vallée de La Vallière. La possession du château se partage au commencement du XIe siècle, entre la branche aînée des comtes de Bourgogne et une branche cadette dont les membres prennent le titre de vicomte ou sire de Montmorot. Les comtes résident au sommet de la colline où se trouvent le donjon et le village (actuellement disparu) du Bourg-Dessus. Les sires résident sur le versant sud de la colline. Ils possèdent le Bourg-dessous ou le Bourg-le-Sire où est située l’église actuelle.
Les sires de Montmorot jouissent de la réalité du pouvoir dans le bassin lédonien. Ils ont usurpé non seulement des pouvoirs régaliens mais aussi beaucoup de propriétés ecclésiastiques dont l’église Saint Désiré de Lons le Saunier et ses dépendances.